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Etablissements temporaires ou de guerre

En période de crise, les circonstances ont parfois conduit à la mise en place d'établissements de fabrication de poudre ou d'explosifs, souvent montés dans l'urgence et dont la durée de vie a été très limitée, de quelques semaines à quelques années au maximum.


Poudreries

 Les poudreries révolutionnaires

 

Début 1794, le Comité de Salut Public décida la création à Paris d'un atelier de raffinage du salpêtre et d'une poudrerie. La gestion de ces établissements fut confiée à "l'Agence révolutionnaire des Salpêtres et des Poudres" et non à l'Agence nationale des Poudres et Salpêtres qui gérait les établissements existants.

La raffinerie fut installée dans l'abbaye de Saint Germain et la poudrerie, conçue autour d'un procédé "simplifié" proposé par Carny (malaxage au pilon remplacé par un mélange en tonne) dans la plaine de Grenelle.

En juin 1794, la poudrerie de Grenelle employait plus de 1500 personnes et assurait plus de 30 % de la production française de poudre noire.
Après à peine 3 mois de fonctionnement, les deux établissements furent victimes de terribles accidents à quelques jours d'intervalle.
Le 21 août 1794, la raffinerie est entièrement détruite par un incendie, et le 31 août, la poudrerie explose, faisant plus de 500 morts et plusieurs centaines de blessés parmi le personnel.

 

Peu après cette catastrophe, le Comité de Salut public décida la création, sous l'égide de l'Agence nationale, de 4 nouvelles poudreries dans les lieux suivants : l'ancien couvent des Minimes dans le bois de Vincennes, l'abbaye des Loges dans la forêt de Saint Germain, la maison des Antonins de Saint Jean en l'Isle, attenant à la poudrerie d'Essonne, et l'hermitage de Sénart dans la forêt du même nom, mais cette dernière ne fut pas construite. Les trois autres fonctionnèrent sans aucun problème pendant plusieurs années, mais furent fermées sous le directoire, sauf celle de l'Ile Saint Jean qui fut rattachée à la poudrerie d'Essonne.

 

  

 

 

Sources :

- Le laboratoire des pollutions industrielles, Paris, 1770-1830, Paris, Albin Michel, 2011, p. 183-194., par Thomas LE ROUX, chercheur au CNRS.

- Rapport à la Convention du Citoyen Cadet De Vaux sur les circonstances et les causes de l'explosion de Grenelle

- Traité sur l'art de fabriquer la poudre à canon de Bottée et Riffault.

 

 


1870 - La Poudrerie Philippe Auguste

 

Penant le siège de Paris en 1870, afin d'alimenter en poudre noire - la seule connue à l'époque - les fusils Chassepot des défenseurs et les canons des fortifications, une Poudrerie fut montée en quelques semaines dans la capitale.
Cette poudrerie fut implantée sur l'Avenue Philippe Auguste entre les rues de Montreuil et de Charonne.

 

 

Sous la direction de Gustave Maurouard, directeur des poudres et salpêtres et créateur de la poudrerie de Sevran-Livry, les bâtiments furent construits et les machines approvisionnées au cours du mois d'octobre, et la mise en route intervint dès le 2 novembre.
La préparation des matières premières (salpêtre, soufre, charbon) fut confiée à des entreprises existantes disposant de moyens adaptés.
La production atteignit rapidement la capacité prévue de 7 t / j, avec une qualité comparable à celle des produits des autres poudreries, bien que le procédé ait été sensiblement simplifié (agglomération à la presse sans passer par les habituelles meules ou pilons).

 

 

Plan de la Poudrerie Philippe Auguste

Mémorial des Poudres, tome 2 - 1885-1889

 

 

La poudrerie fonctionna jusqu'à l'armistice, le 28 janvier 1871.
En 3 mois, elle avait produit plus de 312 t de poudre, et cela sans incident ni accident notables, résultat absolument remarquable pour une installation montée dans l'urgence et dans une ville en état de siège.

Pour plus de détails, voir la page spécifique à cette poudrerie

 


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